Ni Mont Ventoux, ni Sainte Victoire, mais deux trucs

Le Tage n'est pas plus beau que la rivière qui traverse mon village,

car le Tage n'est pas la rivière qui traverse mon village.

Fernando Pessoa

Théâtre géologique

Sentinelles avancées du grand Causse en rive droite du Lot qui dessine la limite Nord du Sauveterre, Chastelvieil et Cénaret sont deux pitons calcaires séparés par des effondrements, dont le dernier, il y a 150 ans, engloutit encore un hameau dans un entre-deux raviné de marnes grises. Disparu depuis plus longtemps le vieux château du plateau de Chastelvieil, dont les pierres n'ont pas été perdues pour le village de Cénaret, perché sur le pic, côté vallée. On parle de trucs pour désigner ces pitons, ces deux là sont indissociables dans l'histoire du paysage. Le petit village domine de son éperon la vallée du Lot, mais de plus haut, côté Margeride, rien ne révèle son existence dans ce décor animé par les saisons.

Théâtre des saisons

Théâtre de labeur

Chastelvieil semble surgir du grand champ qui s'étend tout en longueur au delà des bois devant chez nous. Dissimulés dans ces bois et derrière le champ: la fracture géologique entre schiste et calcaire, les ruisseaux vagabonds dans des prés profondément encaissés, d'anciennes mines et carrières minuscules, une petite route semi-marathon Marvejols-Mende et des chemins de pierre, toutes sortes de bêtes et de plantes et quelques champignons très recherchés. Ce  champ remarquable a été conquis année après année sur bois et broussailles pour l'agriculture et l'élevage: à la défriche laborieuse ont succédé travail de la terre et récoltes, qui rythment les saisons jusqu'aux nuits d'été  aux phares de la moissonneuse.

Théâtre des vents, des brumes et des nuages

En toutes saisons le spectacle le plus animé est le jeu du vent et des nuages, à commencer par les mystères de la brume au lever du jour . Montant des vallées elle engloutit la montagne, et seule émerge parfois l'antenne telecom, avant que reviennent nos promontoires en ombres chinoises toutes voilées. Ces formes fugitives prennent possession de l'horizon, accrochées au relief. Y joueront-t-elles encore dans le ciel les montagnes  imaginaires, quand l'érosion aura fait oublier les repères de nos sentinelles terrestres?

...le vent l'emportera,

tout disparaîtra,

mais le vent nous portera

Noir Désir


Pour en savoir plus sur le grand champ et sa conquête

cliquez ici


naviguez en utilisant les barres du menu,

ou cliquez ici pour entrée directe sur les séries