Morilles dans les bois...

 Des champignons dans un bestiaire, pourquoi pas ? Longtemps considérés comme des végétaux, ils ont été classés dans le règne animal par le Museum d'histoire naturelle...avant d'être considérés comme une forme de vie entre l'animal et la plante, une rencontre du troisième type.

Cadeau du printemps

Les morilles sont sans égales dans le règne fongique; grandes premières, elles apparaissent au printemps, un petit coup de chaleur peut les surprendre dans la neige. Disposées en lisière elles invitent à pénétrer dans les bois. Alors que pour des yeux avertis les girolles et les cèpes se laissent repérer de loin quand leur saison est venue, les morilles sont difficiles à distinguer des feuilles mortes avant de "tomber dessus". Cueillette passion incertaine au réveil de la nature, un plaisir rare et fugace guetté dès le mois d'avril .

Blondes ou brunes

Crapahutant dans la montagne, en arrivant sur les sols calcaires on avance sur un terrain favorable où du réseau de mycélium peut surgir - ou non - la  surprise espérée. Les petits morillons consolent de rentrer bredouille des premières sorties. Bien après les ficaires, quand l'orchis mâle s'épanouit enfin, c'est le meilleur moment pour découvrir des trésors dans la lumière du sous-bois. Rondes ou coniques, blondes ou brunes, elles sont là avant que tous les arbres mettent les feuilles et que l'herbe prenne de la hauteur.


Chasseurs de têtes

Bien sûr il y a les bons coins, mais les amateurs les connaissent presque tous, et au lever du jour la chasse est ouverte. Chercher les morilles en montagne est un sport pour lequel il faut se presser sur des pentes raides où l'on croise mine de rien les habitués, habitants du voisinage ou fournisseurs des restaurants pour des plats recherchés.  Personne ne montrerait son sac, mais il y a des exceptions portant panier d'osier.


Ma première morille, début mai à la lisière de la forêt de Chantilly, fut immortalisée sur une photo de famille prise par mon père qui cachait mal sa jalousie, car cette trouvaille inopinée de la taille d'une tête surpassait toutes les siennes. Je n'avais pas encore dix ans mais chercher les champignons est devenu une passion par laquelle, ayant progressé en Lozère, j'ai rivalisé des années avec ma voisine. Le souvenir de Josy m'accompagne à travers bois depuis sa disparition brutale, qui survint juste avant le retour des morilles, signalé auparavant par sa présence dans nos coins favoris.