Margeride, terre de la Bête

Vous saurez que vous êtes en Margeride en voyant une statue de la Bête du Gévaudan; c'est là que commence une petite région qui garde des secrets.

La Margeride, une montagne dépassant à peine 1500 mètres, faite de bosses et de creux, de bourrelets, de cours d'eau vagabonds qui dévalent en liberté à travers d'anciens petits moulins, une terre paysanne regagnée par les fourrés et la forêt...

On dirait la Margeride surprise dans un chamboulement inachevé, avec ses chaos de granit, ses rivières de pierres, ses chemins entremêlés sous des bois en taillis,  des pins sylvestres tordus sans aucun sens, des troncs enchevêtrés par la tempête, des prés humides où s'attarde le brouillard...une impression de pêle-mêle au regard d'un bâti traditionnel plein de rigueur.

L'élevage continue de faire vivre la montagne, partagée entre familles nombreuses en petites parcelles éparpillées jusqu'au fond des bois, parcelles si précieuses qu'elles ont chacune un nom encore connu de tous. De moins en moins de moutons, mais dans les prairies naturelles des vaches allaitantes de toutes les couleurs...  Pour des troupeaux de laitières les jeunes agriculteurs continuent à défricher une montagne qui se couvre par ailleurs de genêts. On entend les moissonneuses entre les bois.

Entre gelées et sécheresses, on tient bon par des à côté, potagers, choux et patates au coin du bois, cochon familial, chasse collective au sanglier, champignons, lichens, narcisses, bois du sectionnal pour se chauffer, gîtes ruraux, petit artisanat ... Un peu de tout, un peu partout,  des croix  sur les chemins, une solidarité apprise de l'isolement hivernal des hameaux et maintenue par l'éloignement des centres urbains. Un réseau d'échanges dont ceux qui sont exclus connaissent une solitude plus redoutable que les loups.

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