Mouvements dans les feuilles

Un arbre passe, un homme le regarde

et s'aperçoit que ses cheveux sont verts

il bouge un bras tout bruissant de feuillages...

Robert Sabatier

Des armées de conifères ont gagné nos forêts, peuplement sombre et immuable occupant le terrain en colonnes stationnaires dans l'attente de l'exploitation industrielle du bois. Mais les feuillus résistent et jouent encore une symphonie de formes et de couleurs orchestrée par les saisons. Avec des arbres dont les essences sont accordées au paysage, comme ici le hêtre dans les Boraldès de l'Aubrac.

C'est la ronde des attentes entre le dépouillement de l'hiver, l'éclatement printanier des bourgeons dans  toutes les nuances du vert bientôt unifiées par l'été, et le bouquet final de l'automne. Plaisir de l'instant, désir de l'après pour aller vers l'avant, au bonheur de le revoir encore. Hier reviendra demain pourvu que le feu épargne les feuillages. Mais, où sont passés les oiseaux?

En montagne la neige vient surprendre un automne flamboyant, et selon les aînés lozériens, quand la neige vient avec les feuilles elle s'en va avec les feuilles...C'est le gel qui efface les feuillus du paysage, ne laissant que leur ramure dénudée, à l'exception de touffes roussies accrochées aux chênes. La suprématie naturelle des conifères en altitude s'affiche alors dans les versants, avec leurs manteaux verts ou déjà tout blancs, étincelants au moindre rayon du soleil. Comme un rêve celtique de retour de la lumière, avec des sapins rivalisant de prestance, jusque dans les foyers où les plus beaux brillent pour Noël.