Chaque mas, chaque foyer patiemment construit et préservé pendant des décennies, des siècles parfois, s'enfonça dans l'abandon, la tristesse, l'absence irrémédiable de tout espoir, proie des orages, des vents qui ouvrent et claquent les fenêtres sans qu'aucune main ne les barricade à nouveau...
José Gimenez Corbaton /la clameur de l'eau
Montagne de grands plis chavirés qui se chevauchent, entremêlés comme des vagues et si haut dressés que l'érosion n'en finit pas de les éroder, le Maestrazgo
offre la vision d'une durée inconcevable; mais le regard s'attarde dans une autre échelle de temps, sous les étages de terrasses abandonnées où des maisons de terre se désagrègent, comme si les
pierres avaient été réservées pour les murets construits toujours plus haut sous les éboulements des falaises. Exhibition d'un labeur sans lendemain, perdu dans un silence qui n'est pas troublé
par les torrents bondissant bien plus bas avec leurs truites dans des gorges profondes, quand un barrage n'en fait pas remonter le niveau jusqu'aux ruines.
Autrefois les paysans de cette région étaient métayers de grandes propriétés sur lesquelles ils habitaient des mas dispersés. Pendant de la guerre des maquisards
qui a suivi la défaite de l'armée républicaine en Catalogne, afin d'empêcher leur soutien à la résistance la Guardia Civil de Franco les obligeait à descendre chaque nuit au village où ils
devaient remettre leurs clés à la caserne jusqu'au lendemain. L'appauvrissement et la détresse des années de guerre ont accentué l'exode rural dont témoigne le paysage, avec la ruine de ces mas
isolés faits de pans de terre qui s'effondrent et disparaissent.
Invasives et décalées dans une nature si sauvage, une multitude de petites porcheries hors sol d'élevage industriel, dont
l'implantation valorise la production rurale d'un jambon jusqu'ici déconnectée du terroir et des parfums de son maquis... Cependant, dans ce paysage créé par l'homme et la montagne,
l'agriculture est toujours présente avec des troupeaux de brebis et de chèvres, et le fromage artisanal de Tronchon, deux fois vanté par Miguel de Cervantes dans son Don Quichotte, demeure
incomparable. Loin des sentiers battus, aux portes des villages encore vivants malgré toutes les maisons à vendre, les bouquetins surprennent les touristes accueillis par l'habitant dans des
hébergements ruraux chaleureux, dont les plus remarquables sont d'anciennes tours évoquant l' histoire des Templiers, comme Torre Montesanto.
Avec une pensée pour Laura et José Luis, leur accueil comme à la maison dans un site chaleureux et leur cuisine délicieuse dans le beau mas hôtel fortifé de Torre Montesanto qui domine le village de Villarluengo.
naviguez en utilisant les barres du menu,
ou cliquez ici pour entrée directe sur les séries
Photos compressées, droits réservés,
originaux disponibles sur demande motivée
à des fins non commerciales et d'intérêt général