Pas de voyage en Espagne sans nids de cigognes, des villages les plus modestes aux édifices des villes prestigieuses. Sur son nid la cigogne claquette
intensément, au cas où vous ne l'ayez pas encore remarquée, vous forçant à lever la tête. C'est qu'elle a ramené le printemps.
A Alcaniz le concert de claquettes cède à la vibration des tambours, tradition de la semaine sainte qui fait revivre par tous les habitants en compagnies rivales
les affrontements armés d'un lointain passé. L'émotion vous envahit dans un grondement qui s'amplifie à submerger les consciences, et dont on imagine qu'il entrainait sans plus d'états d'âme les
soldats au combat. Avant le défilé qui gagne les rues on assiste aux premières loges à la bagarre des cigognes pour la meilleure place sur le fronton de Santa Maria la Mayor.
Réputée fréquenter les étangs et mares à grenouilles d'où remonteraient des profondeurs les âmes des trépassés en quête de recyclage, la cigogne légendaire est attendue bébé au bec. Qui donc resurgira, de la belle ou la bête enfuis ensemble du château? Si notre cigogne angélique s'interroge, c'est plutôt sur comment détourner discrètement des branches du nid de sa voisine.
Ô saisons, ô châteaux, quelle âme est sans défauts...
Arthur Rimbaud
Pour me faire pardonner ces observations moqueuses sur les cigognes d'Alcaniz, je vous signale le magnifique reportage réalisé par ARTE en Croatie sur le vieil homme et la
cigogne
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